Le mabe de Tahiti, des formes illimitées!
Ronde, poire, cerclée, baroque, semi baroque, verte, grise, aubergine?
Qu’est-ce q’un Mabe ?
Le mabe de Tahiti est le produit d’une sécrétion nacrière autour d’un demi-noyau synthétique collé à la surface interne de la coquille d’une huître perlière Pinctada margaritifera var. cumingii .
Les dépôts nacriers recouvrant ce demi-noyau ont un agencement lamellaire identique à celui de la coquille nacrière.
Quelle est la différence entre une perle de Tahiti coupée et un mabe de Tahiti ?
Si tous deux proviennent de la même « huître perlière » communément appelée nacre, le processus de formation est bien différent.
La perle est crée dans la gonade de la nacre à la suite d’une transplantation des tissus vivants d’une nacre donneuse vers une nacre receveuse. Le Mabé, lui, se forme sur la coquille interne, sans apport de tissus vivants, dans un processus non sans rapport avec celui de la formation de la perle fine.
En effet, le coquillage ne pouvant se débarrasser de ce corps étranger, l’isole en le recouvrant de fines couches nacrées.
Comme pour les perles fines, on peut, très rarement, trouver des mabés naturels. Même si la composition chimique est identique, l’organisation des couches nacrières d’un mabé est différente de celle d’une perle d’où des irisations et des tonalités propres à chacune.
La taille et la diversité des formes que l’on peut obtenir avec les mabes n’ont pas d’équivalent avec les perles et en font un produit à part, unique et précieux.
Pourquoi parle t’on si peu du Mabé ?
L’homme à la mémoire courte et oublie que bien des fermes perlières dans les années 80 ont débuté leur production avec des mabes grâce à une technique importée d’Australie.
En fait, la production des mabés existe depuis plus d’un millénaire en Asie, à la différence de la greffe de perles qui n’a été maitrisée qu’au début du vingtième siècle au Japon. De plus, la mise en valeur du mabe après récolte nécessite une main d’œuvre importante et un certain talent artistique pas si facile à maitriser.
Secrets de fabrications !
Le collage
Le collage La première étape consiste à sélectionner une nacre en parfaite santé, capable de supporter les inserts, généralement âgée de 4 à 5 années et d’une taille supérieure à 10 centimètres. Un contrôle visuel, pratiqué à l’aide un petit miroir de dentiste, permettra d’apprécier la coloration interne des valves de la nacre.
La présence cette bande de couleur est primordiale, c’est elle qui déterminera la couleur du futur mabé en recevant l’insert qui y sera fixé avec une colle à prise instantanée de type « cyanoacrylate ». L’introduction de l’insert nécessite un entrebâillement très important des valves qui peut gravement endommager le muscle adducteur par un trop fort étirement. Ce traumatisme pouvant entrainer maladies et mortalités, on peut avoir recours à une préparation spécifique. Les animaux sont plongés dans une eau sans renouvellement, afin de les priver d’oxygène. Les nacres, peu à peu, se fatiguent et s’entrouvrent, c’est alors que l’on peut s’en saisir a l’aide d’une pince écarteur et les maintenir entrouvertes sans forcer sur le muscle.
Placée sur le porte nacre, la nacre est prête au collage. A l’aide d’une spatule, le greffeur soulève délicatement le manteau de l’animal pour déterminer l’endroit précis de la fixation de l’insert. Le plus près possible du bord de la coquille, très coloré, mais suffisamment à l’intérieur pour que la nacre puisse se refermer.
En moyenne trois inserts seront fixés, au total, sur les deux valves en prenant garde qu’ils ne soient pas en vis à vis. Toute la réussite de l’opération repose sur l’appréciation du greffeur à trouver la bonne place de l’insert et le meilleur compromis entre la couleur et la forme du futur mabé. En effet, plus l’insert est proche du bord de la coquille, plus le mabe de Tahiti sera coloré mais cela se fera au détriment du respect de la forme initiale du nucléus. Fixé plus profondément dans l’animal, la forme de l’insert est respectée mais on perd généralement l’irisation tant recherchée.
Cruel dilemme ! L’opération n’aura duré que quelques instants et la nacre « porteuse » pourra rejoindre ses congénères sur les filières d’élevages pour une période d’environ 6 à 12 mois, laps de temps nécessaire afin d’obtenir un recouvrement de qualité. A ce propos, nous tenons à vous préciser qu’un mabé de Tahiti de qualité, n’a pas grand chose a voir avec toutes ces figurines et objets à peine nacrés, généralement asiatiques, que vous pourrez croiser dans le commerce.
La récolte
La Récolte Contrairement à la perle qui ne nécessite qu’un nettoyage avant de pouvoir être utilisée en bijouterie, le mabé doit subir plusieurs étapes de transformation avant de devenir un produit fini. La récolte du mabé commence par le sacrifice de la nacre porteuse.
Les coquilles sont nettoyées par toutes sortes de poissons!
Une fois, les coquilles propres, viendra la première sélection visuelle. Elle a pour but d’écarter les mabes ne remplissant par les critères de qualité suffisants pour accéder au rang de bijou. Perfection de la surface, couleur et épaisseur du revêtement. A ce stade, seul un mabé sur trois sera de qualité supérieure et justifiera sa découpe à l’aide d’une scie diamantée afin d’être mis en valeur.
Le mabé découpé (blister) doit être aplani à sa base afin de pouvoir être collé sur une plaquette prélevée sur une coquille et façonnée à la main par meulage. Au cours de cette opération, l’insert initial est retiré. La cohésion plaquette/mabé est assuré par un adhésif époxy. L’ébauche définitive est obtenue par meulage de la plaquette. Le mabé est ensuite lustré avant de pouvoir être considéré comme fini.
Jérome transforme les mabes dans l’atelier de Mabe Factory
Tous les mabes récoltés sur la ferme sont expédiés sur Mooréa où se trouve l’atelier de Mabé Factory, dirigé par Jérome Defossez.
De nombreuses machines outils sont nécessaires pour assurer la transformation du Mabé brut en article de bijouterie.
Formes et couleurs.
Si la forme globale est influencée par la matrice que constitue l’insert, la régularité du recouvrement diffère considérablement au sein d’une même valve. L’éventail des formes est donc très large, du rond au baroque le plus prononcé.
L’artisan a, de plus, la possibilité de les modifier par enlèvement de matière au cours de l’étape du meulage.
Les nuances de couleurs peuvent être identiques à celles des perles avec la différences qu’elles peuvent être toutes réunies sur la surface plus grande d’un seul et même mabe de tahiti !
Il n’existe pas de classification officielle, nous répartissons nos MABE en trois qualités décroissantes, A, B et C, déterminées d’après l’aspect de surface et les couleurs. Le foncé étant considéré comme très valorisant.