La récolte, l’heure de vérité

L’heure de vérité est terme, bien que galvaudé, qui s’applique parfaitement ici, car l’avenir même de la ferme dépend de la réussite de cette opération de récolte.

À la première heure, les plongeurs sont allés chercher les nacres porteuses arrivées à terme, sur les filières. Elles sont détachées des ficelles et nettoyées avant d’être présentées au greffeur. Sur 100 nacres greffées 18 mois plus tôt, il ne reste plus que 70 vivantes. Une quinzaine de coquillages n’ont pas supportés l’opération et sont morts dans le courant du premier mois.

Thierry pose des chapelets de nacres sur la filière.
les prédateur que sont le baliste et la raie sont la hantise de la profession perliculteur

Les prédateurs ne sont pas en reste, pour eux une jeune nacre, trop facilement accessible, est un met de choix!

Enfin, si vous écartez la vingtaines nacres qui ont rejeté le nucléus, il vous restera environ 50 perles a récolter dont 40 seront commercialisables!
L’opération revêt toute son importance par la qualité des perles récoltées car elle peut être l’occasion, si la qualité est au rendez vous, de produire une deuxième perle dans la même nacre.

Une fois nettoyées, les nacres sont maintenues entrouvertes a l’aide de petits coins plastiques et présentées au greffeur.

Après un rapide contrôle du positionnement de la perle dans la gonade, le greffeur incise le sac perlier au dessus de la perle, en prenant bien garde de ne pas la rayer. Il l’extrait délicatement de la poche à l’aide d’un outil constitué d’un petit anneau.

Cette opération dite de « surgreffe » est, de préférence effectuée par le technicien greffeur, qui a pratiqué la première opération, il pourra ainsi évaluer son travail et pourra alors corriger son geste pour les opérations futures.

Le principe de la surgreffe est simple. La perle, une fois extraite du sac perlier, à l’intérieur de la gonade, est remplacée par un nouveau nucléus du même diamètre que la perle récoltée.

Bien évidemment, toutes les nacres ne sont pas surgreffables. Les critères de sélection sont draconiens. Non seulement la perle doit être ronde, de couleur et de qualité irréprochable, mais la nacre porteuse doit également être en excellente santé. 30 % seront candidates à produire une perle de deuxième génération. Tous ces pourcentages sont indicatifs et peuvent fluctuer considérablement suivant les techniciens.

L’opération de surgreffe permet d’obtenir des perles plus grosses, oui mais ....

On pourrait penser que le sac perlier, qui rappelons le, sécrète de 10 à 20 couches microscopiques de nacres par jour sur le nucléus va assurer son « rôle » sur le deuxième nucléus d’une façon similaire et ainsi fabriquer une deuxième perle à l’identique. Malheureusement, c’est sans compter sur le vieillissement des cellules du greffon initial, transformé en sac perlier. Le métabolisme de la nacre receveuse et porteuse, lui aussi, décline. Au final, une surgreffe menée a terme, donnera une perle plus grosse mais souvent avec une déperdition de couleur et de lustre. Elle apparaîtra comme terne par rapport à la perle de première greffe.

Les perles récoltées seront rincées à l’eau douce et séchées. Un passage dans un tambour vibrant rempli de copeaux de noix ou de bambou finira de les nettoyer.
Jamais recolorées ou retaillées, elles seront prêtes a être utilisées en bijouterie.

Thierry Janoyer greffeur de nacre, une autre facette du métier de perliculteur.

Le keshi, une pépite de nacre brute !

Il arrive parfois que le nucléus implanté soit rejeté par la nacre greffée. Si par chance, le greffon reste en place dans la poche perlière, après transformation, il va commencer à sécréter des couches de nacre de façon aléatoires, c’est le Keishi.

En l’absence du nucléus et sans support solide, les formes baroques les plus diverses peuvent apparaître.

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